Du Taklamakan au Sahel : l'expérience chinoise au service du reverdissement de l'Afrique xinhua news transbordement BEIJING, 16 juin (Xinhua) -- En novembre 2024, une ceinture verte de 3.046 km encerclait enfin le désert du Taklamakan, le plus grand désert de Chine, scellant quatre décennies de lutte contre l'avancée des sables. Ce succès historique, né des terres arides du Xinjiang dans le nord-ouest du pays, rayonne désormais au-delà des frontières chinoises. En Afrique, de la Mauritanie à l'Ethiopie, des techniques forgées dans les sables du Taklamakan font aujourd'hui reverdir le Sahel, offrant un message d'espoir à la lutte mondiale contre la désertification.
UNE COOPERATION DE LONGUE DATE
Tout a commencé par un coup de fil incongru en 2006 : une entreprise de roulements du Zhejiang sollicitait soudain l'expertise de Lei Jiaqiang, chercheur à l'Institut d'écologie et de géographie du Xinjiang (IEGX) de l'Académie des sciences de Chine, pour exporter des techniques anti-désertification en Libye.
"J'ai cru à une plaisanterie : quel lien entre nos travaux et des roulements ?" confie-t-il. Les échanges ultérieurs permettent cependant d'éclaircir le malentendu initial et conduisent l'IEGX en Libye, scellant ainsi les prémices de son engagement africain, qui s'intensifiera dix ans plus tard, lorsqu'en 2015, Ibrahim Thiaw, alors secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, impressionné par une bande verte construite dans le Taklamakan lors d'une visite dans la région, invitera l'équipe chinoise à rejoindre l'initiative africaine de la Grande Muraille verte (GMV), un projet lancé en 2007 et dirigé par l'Union africaine pour construire un brise-vent de plus de 8.000 km à travers l'Afrique, du Sénégal à l'ouest à Djibouti à l'est, afin d'empêcher le désert du Sahara de s'étendre vers le sud.
Par la suite, en 2017, l'IEGX signe un mémorandum d'entente avec l'Agence panafricaine de la Grande Muraille verte sur la promotion de l'environnement écologique en Afrique.
DES ACQUIS FRUCTUEUX
Après des années d'efforts conjoints, la construction de la GMV africaine apporte des résultats tangibles dans la lutte contre la désertification grâce à l'expertise chinoise.
Zhou Na, chercheuse adjointe à l'IEGX, et ses collègues font des allers-retours entre le désert du Taklamakan et le désert du Sahara pour partager leurs expériences avec les populations africaines.
Ces dernières années, ses collègues et elle ont adopté différentes stratégies en fonction des conditions locales : technologie de contrôle du sable et de fixation des sables mouvants en Mauritanie, restauration écologique de la prairie arbustive en Ethiopie et soutien technique pour la gestion durable et la protection d'un brise-vent au Nigeria.
Selon M. Lei, sur le plan scientifique, les travaux conjoints ont abouti à trois avancées majeures : la cartographie complète de la dynamique écologique du Sahel avec l'identification des zones sensibles, la publication de l'Atlas de la désertification africaine et la création d'une banque de cas de gestion écosystémique.
Mohamed El Houssein Mohamed Legraa, directeur de l'Agence nationale de la GMV de Mauritanie, a loué le soutien technique de la Chine.
"Les Chinois sont en avance dans la lutte contre la désertification. Ils ont transformé les déserts en forêts", déclare-t-il. "Ici, en Mauritanie, nous souffrons de la désertification, de la faiblesse des précipitations et de l'impact du changement climatique. Par conséquent, nous avons grandement besoin de l'expérience chinoise."
UN ENGAGEMENT COMMUN
Pour M. Lei, les succès enregistrés ne doivent pas occulter l'immensité du défi. "Nous considérons la 'Grande Muraille verte' comme un objectif, un plan nécessitant avant tout le soutien de la communauté internationale. Aujourd'hui, à mi-parcours, à peine 4% des terres sont restaurées - un taux à un chiffre pour une tâche monumentale".
Ainsi, l'IEGX a mené une série de recherches conjointes avec les pays participant à l'initiative de la GMV, développant des modèles technologiques adaptés aux contextes locaux, et, fort de son expérience transformatrice dans le Taklamakan, a fait de la formation l'épine dorsale de son engagement.
Au cours des dernières années, l'institut a organisé trois forums internationaux et deux sessions de formation en Chine, formant 120 spécialistes africains. Actuellement, six à sept étudiants originaires d'Ethiopie et du Nigeria poursuivent ou ont achevé leurs études au Xinjiang, certains dirigent désormais des services environnementaux nationaux.
"La désertification est un problème mondial. Au travers de démonstrations techniques, de formations et de transferts de savoirs, nous devons offrir des solutions chinoises pour la Grande Muraille verte africaine, afin que ce combat profite à l'humanité entière", déclare M. Lei. Fin
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